Si le monde entier court à la dérive, c’est en grande partie parce qu’il y a trop de mouvement, pas assez de prières, trop d’action et pas assez d’adoration, trop d’oeuvres et pas assez de vie intérieure, toutes les activités ne sont efficaces que dans la mesure où Dieu en est l’animateur. Une âme ne donne que du trop-plein d’elle-même.»
Marthe Robin
Filles des années 1970, les communautés nouvelles apparaissent en France, pour la plupart dans la mouvance du renouveau charismatique.Ce courant spirituel, né aux États-Unis, appelle à témoigner de la grâce de la Pentecôte, privilégiant l’expérience mystique à un christianisme polarisé sur le dogme. L’accent est mis sur l’effusion de l’Esprit, qui fait naître des chrétiens « renouvelés », et sur l’évangélisation. Ces communautés charismatiques catholiques regroupent des personnes « d’états de vie » différents, laïques ou religieuses (célibataires, couples avec ou sans enfants, moines, moniales, prêtres…), qui partagent une fraternité axée sur la prière, le travail, la pauvreté, la charité, l’accueil, la présence aux plus démunis.
Elles sont accueillies au sein d’une Église qui depuis Vatican II se montre ouverte aux innovations de l’Esprit saint et qu’elles revivifient en inventant des formes inattendues de vie chrétienne et des missions qui répondent aux questionnements d’aujourd’hui.
LA COMMUNAUTÉ DE L’EMMANUEL
Fondée en 1972, cette communauté s’est fait connaître par ses groupes de prière, ses chants et les sessions de Paray-le-Monial (Bourgogne Sud). Elle rassemble des laïcs, célibataires consacrés et prêtres, au service de la mission de l’Eglise catholique. Au cœur du monde, ils s’engagent à une vie de prière, de compassion et d’évangélisation. Elle compte 9 000 membres dans 57 pays de tous les continents, dont 4 500 en France.
Au nombre de ses activités : groupes de prière, sessions d’été au sanctuaire de Paray-le-Monial (25 000 personnes en juillet-août), écoles pour couples (Amour et Vérité), parcours sur la doctrine sociale de l’Eglise (Zachée), solidarité internationale (Fidesco), présence dans les banlieues (Le Rocher) et revues (L’1visible et Il est vivant).
LA COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUFCette importante communauté (plus d’un millier de membres répartis dans une vingtaine de pays) tire son nom de la rue de Lyon où elle est née en 1973 sous l’impulsion d’un jeune novice jésuite et d’un groupe de prière. Catholique à vocation oecuménique, elle se situe à la croisée de la spiritualité ignacienne (d’où l’accent mis sur la formation) et du renouveau charismatique, avec comme premier souci l’évangélisation. Ses membres sont des laïcs (couples, familles, célibataires consacrés), qui exercent pour la plupart une activité professionnelle dans le monde. Elle se consacre à ses oeuvres (sessions Cana pour les couples, retraites…) ou aux missions que lui confie l’Église (foyers d’étudiants, paroisses, aumôneries d’hôpitaux, maisons d’accueil...).
FOYERS DE CHARITÉLe premier foyer de charité voit le jour en 1936 à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme), village natal de Marthe Robin (1902-1981). À 16 ans, Marthe, fille de petits propriétaires terriens, est atteinte de paralysie et passe deux ans dans le coma. La maladie laisse de graves séquelles qui la laissent immobilisée. En 1921, la jeune femme connaît une révélation spirituelle : elle comprend que sa souffrance lui ouvre une porte vers Dieu par le don total de sa personne. À 23 ans, elle rédige un acte par lequel elle s’abandonne totalement à Lui. En 1927, la maladie s’aggrave. Totalement paralysée, Marthe restera alitée pendant les cinquante ans qu’il lui reste à vivre sans dormir, avec pour seule nourriture l’eucharistie.
En 1930, le Christ lui apparaît, elle reçoit les stigmates, et revit la Passion chaque vendredi. Des milliers de visiteurs affluent vers son lit de douleur. En 1936, elle demande à l’un d’eux, le père Finet,
« de la part de Dieu », de fonder dans son village
« un foyer de charité, de lumière et d’amour » pour accueillir des retraitants spirituels. Le foyer ouvre quelques mois plus tard, plus de soixante-dix autres lui succéderont, s’implantant à travers le monde. Devenue aveugle, Marthe Robin s’éteint dans la sérénité, un vendredi de février 1981. Son procès de béatification a été engagé en février 1991. Fidèles au voeu de leur fondatrice, les foyers de charité proposent de suivre des retraites de trois ou six jours à tous ceux qui veulent rencontrer Dieu, sans discrimination. Le silence complet est requis, même pendant les repas. Temps d’enseignement, de méditation, messe et veillée de prière se succèdent au cours de la journée.
COMMUNAUTES DE BETHLEEM
La Famille monastique de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge, et de Saint Bruno naît le 1er novembre 1950 sur la place Saint-Pierre à Rome à l’heure où le pape Pie XII proclame le dogme de l’Assomption de la Vierge selon lequel Marie a été élevée de la terre au ciel en son corps et en son âme. Quelques pèlerins français entendent alors l’appel à tout donner pour que de nouvelles communautés naissent dans l’Église. Leur vocation sera de communier à la vie de la Mère de Dieu présente au cœur de la Trinité, dans une vie d’adoration du Père en Esprit et en Vérité. C’est ainsi qu’en 1951, dans un petit village de France, une communauté de femmes consacrées commence à vivre dans le silence ce « Projet de la Vierge ».
En la fête de Saint Bruno, le 6 octobre 1976, les premiers frères de Bethléem reçoivent l’habit monastique. Ils s’établissent au monastère de Currière-en-Chartreuse.
Les moines et les moniales de Bethléem vivent selon le même charisme en deux communautés distinctes.
À travers la prière et la liturgie, la lecture et l’étude de la Parole de Dieu et des Pères de l’Église, tout autant que l’humble service et le travail de leurs mains, toute leur vie tend à la rencontre la plus continuelle possible avec Dieu et à des relations fraternelles toujours plus aimantes.