Les bénédictins regroupent les religieux qui forment l’ordre de saint Benoît (OSB). Leur habit se compose d’une tunique et d’un scapulaire, sur lequel ils revêtent une longue robe et un capuchon qui couvre la tête. Selon la couleur de l’habit, on parle de moines blancs ou de moines noirs. L’usage de se raser la tête s’est maintenu à travers les siècles. La devise des bénédictins est ora et labora (prière et travail). Les moines sont regroupés en abbayes, chacune formant une famille sous l’autorité de l’abbé. Le but assigné par saint Benoît aux religieux étant la recherche de Dieu, il souhaite qu’ils restent à l’écart du monde, à l’intérieur de la clôture. Le service de Dieu dans la prière « en ne préférant rien à son amour », et la disponibilité envers les frères « en qui on doit toujours découvrir le Christ » sont les fondamentaux de sa spiritualité.
Pendant la vie de Benoît, l’ordre connaît un essor grandissant en Italie mais sa règle reste peu connue à l’étranger. Après sa mort, ses disciples la propagent dans les pays voisins. Grégoire Le Grand, premier pape bénédictin, l’introduit en Angleterre. Deux siècles plus tard, Charlemagne la promeut en France pour pacifier le royaume. En 817, son fils Louis Le Pieux l’impose à tous les monastères. Les bénédictins deviennent l’ordre dominant jusqu’aux invasions vikings, puis musulmanes, qui pillent les monastères et massacrent de nombreuses communautés. La renaissance de l’ordre sera l’oeuvre de Cluny, à partir du Xe siècle. Au XIVe siècle, cette congrégation, qui compte 37 000 membres, a donné à l’Église 1560 saints canonisés et 24 papes, et a transmis un exceptionnel patrimoine spirituel et culturel. La congrégation a été supprimée en 1790 par l’Assemblée constituante et restaurée en 1833. L’ordre compte aujourd’hui environ 12 000 moines et 25 000 moniales.
SAINT BENOÎT (480-547), le père du monachisme occidentalNé à Nursie, en Ombrie, dans une famille patricienne, Benoît fait des études de droit à Rome. Les moeurs délétères de la capitale de l’Empire le poussent à la vie d’anachorète. Il se retire dans la campagne romaine, pour vivre dans une grotte « sous le regard de Dieu ».
Sa force spirituelle attire des moines des environs qui lui demandent de devenir leur supérieur. Benoît tente de mettre en place une règle de vie austère structurée par des offices, mais les religieux, rétifs, tentent de l’empoisonner. Il retourne dans sa grotte, où affluent de nouveaux disciples. Il fonde pour eux douze monastères, puis descend vers le Sud, avec quelques frères. Il s’établit dans l’ancienne forteresse du mont Cassin, au nord de Naples, où il bâtit l’abbaye dans laquelle il rédige, en 529, la Regula Monachorum (la règle des moines), base du monachisme occidental. Le 21 mars 547, sentant ses forces le quitter, Benoît se fait transporter dans l’oratoire du monastère où il meurt debout parmi
les moines. L’abbaye du Mont-Cassin sera détruite par les Lombards en 580. En 703, les bénédictins de Fleury-sur-Loire viennent chercher dans les ruines la dépouille du saint et l’inhument dans leur monastère. Saint Benoît est patron de l’Europe et saint patron de la chrétienté occidentale.
L’oisiveté, une ennemie de l’âmeLa règle de saint Benoît décrit en 73 chapitres concis la vie spirituelle et matérielle des moines ainsi que l’organisation du monastère. Elle édicte l’indépendance et la séparation du monde de la communauté monastique, sans imposer pour autant un ascétisme rigoureux. Elle a pour but de créer des conditions favorables à une parfaite recherche de Dieu dans le cadre d’une vie fraternelle stable et équilibrée. Le coeur de la vie monastique est l’accomplissement de l’Opus Dei, l’oeuvre de Dieu, qui comprend en premier lieu la célébration de l’office divin. Le reste du temps, les bénédictins sont occupés par le travail manuel et intellectuel, le repas ou le sommeil, Benoît considérant l’oisiveté comme une « ennemie de l’âme ».La règle impose le respect du silence ; le lien à vie entre le moine et son monastère ; l’obéissance au supérieur élu par la communauté ; l’humilité, la pauvreté et la charité. Isolé par la clôture, le monastère reste cependant lié à l’extérieur par la règle de l’hospitalité.