Par tous les temps, saint Régis arpenta les sentiers sauvages d’Ardèche et de Haute-Loire au péril de sa vie pour se porter làoù criait la misère des exclus. Ces chemins réservent 200 km de vues spectaculaires aux marcheurs qui, chemin faisant, seront visités par son idéal de justice et d’amour.
Priez “Régis” dans les rues de la plupart des villes, bourgs, hameaux de l’est de la Haute-Loire et des plateaux d’Ardèche… la moitié des hommes se retourneront ! », affirme Christian Bertholet, fondateur du chemin de Saint-Régis. En effet, le missionnaire a tellement marqué ces contrées que beaucoup d’habitants portent son nom. C’est également pour lui rendre hommage qu’à la belle saison (c’est-à-dire de mai à octobre) des pèlerins mettent leurs pas dans les siens en effectuant une boucle de 200 kilomètres en 9 étapes.
Ce sentier de grande randonnée (le GR 430) part du Puy-en-Velay et traverse des régions spectaculaires : le bassin du Puy, le plateau volcanique du Mézenc, le Haut-Vivarais, le plateau granitique de Montfaucon puis le massif du Meygal. À mi-chemin de ce parcours marqué de quelques dénivelés, un repos mérité autant que salutaire s’impose à Lalouvesc. Situé à plus de 1 000 mètres d’altitude, ce lieu est surnommé « la montagne des Pardons ».
Les pèlerins viennent y chercher la paix, et parfois le sacrement de réconciliation. Ils visitent aussi la chapelle où est mort le saint, vénèrent ses reliques dans la basilique et boivent à la fontaine où il se serait désaltéré. Puis ils repartent pour la seconde moitié du trajet, empreint de souvenirs de l’infatigable prêcheur. Près de 370 ans après sa mort, l’apôtre du Velay et du Vivarais se rappelle ainsi, chaque année, à la mémoire d’un millier de marcheurs.
LES JÉSUITES EN CAMPAGNE
Après les guerres de religion, l’Église connaît un grand renouveau avec des figures emblématiques comme Vincent de Paul et François de Sales. Dans le même élan, les jésuites lancent les « missions de l’intérieur » pour évangéliser le milieu rural. C’est ainsi que Régis sera affecté au service des montagnards des Cévennes et du Velay, tandis que d’autres frères partent pour le Nouveau Monde.
UN SAINT INSURGÉ
Ce n’est pas au Canada, comme il l’espérait, mais au Puy-en-Velay que le jésuite Jean-François Régis fut envoyé en 1636. Il y sera surnommé le « père des pauvres » : lorsqu’il ne visite pas les malades et les prisonniers, il distribue des vivres aux plus démunis, fonde une maison d’accueil pour les prostituées ou s’insurge contre un décret royal qui menace l’emploi des dentellières. L’hiver, quand la neige retient chez eux les paysans, il part évangéliser les montagnes du Velay et du Vivarais. Tous courent après lui, séduits par sa sainteté. Il faut dire que ce grand gaillard, qui mesure presque 2 mètres, a de quoi impressionner : il franchit allègrement les congères et avance sans se soucier de la burle, un vent qui glace jusqu’aux os. Atteint d’une pneumonie, il s’éteint le 31 décembre 1640 à Lalouvesc en disant : « Je vois Notre Seigneur et Notre Dame qui m’ouvrent le Paradis ». Une file ininterrompue de pèlerins allait bientôt affluer en ce lieu pour vénérer le saint patron des dentellières et des jésuites de la Province de France.
CONSEIL SPIRITUEL : Le moment fraternité
La rudesse de la vie de ses chers montagnards avait touché le coeur de Régis, qui leur offrit chaleur et espérance. Une belle leçon d’humanité à méditer en commençant par se montrer attentif aux êtres croisés en chemin, marcheurs ou villageois, en échangeant un regard ou quelques mots, sinon, à quoi bon prendre la route ?
infos pratiques :
CONSEIL PRATIQUE : Prévoir de bonnes haltes
Ce pèlerinage dure neuf jours, sur un chemin parfois difficile, et le randonneur a besoin de bien se reposer le soir. On a donc intérêt à se renseigner sur les auberges, voire réserver à l’avance son gîte, se munir de la dernière édition parue d’un topo-guide et repérer l’itinéraire avant de partir pour éviter les mauvaises surprises.