Chemins des Anglais, des Ducs de Normandie ou de Compostelle, les pèlerinages vers le Mont-Saint-Michel connaissent un grand renouveau. Quelques clés pour devenir miquelot.
En 1999, dans un formidable élan d’enthousiasme et de fraternité, une trentaine de marcheurs anglais et français sont partis de Winchester pour rallier le Mont-Saint-Michel ; rejoints par un millier de pèlerins pour la traversée de la baie, ces pionniers ont ouvert les Chemins aux Anglais, qui permettent aujourd’hui d’atteindre le sanctuaire en neuf étapes au départ de Cherbourg et en huit au départ de Barfleur.
Les autres itinéraires balisés partent de Caen (159 km, 8 étapes), de Rouen (332 km, 16 étapes), de Chartres (368,5 km, 17 étapes). Les miquelots (pèlerins de saint Michel) peuvent aussi partir de Tours (326 km, 12 étapes) ou de Paris (517,5 km, 22 étapes). Enfin, deux itinéraires, partiellement balisés, relient Saint-Jacques-de-Compostelle et le Mont : ils traversent la Bretagne, l’Anjou ou la Vendée, et rejoignent à Saint-Jean-d’Angély la voie jacquaire de Tours.
Le réseau de ces chemins montais, dont on trouve la mention dès 1025, proclamé Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe, est donc en pleine renaissance. Et même si, après avoir traversé la baie, les marcheurs de la foi se perdent dans le flot des touristes, l’Archange qui resplendit là-haut, au sommet de la Merveille, parvient sûrement à reconnaître les siens !
2 000 KILOMÈTRES DE CHEMINS BALISÉS
Les chemins du Mont-Saint-Michel sont balisés de bleu cyan et à l’aide d’un macaron représentant la silhouette du rocher barrée d’un bourdon et soulignée d’une coquille. Pour plus de visibilité en zone urbaine, le logo a été décliné en clous de bronze de 15 centimètres de côté implantés sur les trottoirs.
LE GUERRIER CÉLESTE ET L’HISTOIRE TUMULTUEUSE DU MONT
Saint-Michel, dont le nom signifie « Qui est comme Dieu », est le premier des archanges. On le représente souvent, sur les tympans de certaines églises notamment, aux portes du ciel une balance à la main, car c’est lui qui pèse les âmes au jour du Jugement, séparant les élus des damnés. Une riche iconographie célèbre aussi l’épisode où l’archange guerrier terrasse Satan figuré sous la forme d’un dragon, avant de le précipiter sur terre, ses anges rebelles à sa suite. Selon la légende, l’archange serait apparu trois fois à l’évêque d’Avranches demandant qu’une église soit bâtie au sommet du Mont.
Consacrée en 709, l’abbaye devint très vite un haut lieu de pèlerinage, attirant jusqu’à la fin du XVIe les rois de France (dont Saint-Louis, Philippe-le-Bel, Louis XI et François Ier), mais surtout d’humbles fidèles et une multitude d’enfants, les « pastoureaux », venus de toute l’Europe. Le XVIIe siècle marque le déclin du Mont : l’abbaye n’abrite plus alors que quelques religieux et des prisonniers. À la Révolution, on y emprisonne les prêtres réfractaires. L’édifice est restauré à la fin du XIXe.
En 1897, le sculpteur Frémiet met la touche finale à la silhouette de la Merveille telle que nous la connaissons : la statue de l’Archange, brandissant son épée d’or dans les nuées, coiffe la fine flèche néogothique au-dessus de l’abbaye. Les pèlerins reviennent peu à peu.
CONSEIL SPIRITUEL : Méditer sur ses ennemis intérieurs
Entre ciel et mer, balayé par les vents, le Mont-Saint-Michel surmonté par la statue de l’archange victorieux des forces de l’ombre incite à réfléchir au combat spirituel qui se joue en nous, et à nos propres « sables mouvants ». C’est le moment de s’interroger sur l’essentiel :
Notre route est-elle conforme à nos valeurs ?
Que devons-nous changer pour être pleinement présent au monde ?